Nosy Be (1e - 14 mars)

J'ai quitté Tana mardi 1e mars et ai fait plus de 30 heures de taxi-brousse très éprouvantes, suivies d'une nuit d'attente dans un hôtel et d'une traversée en bateau, avant d'arriver sur l'ile de Nosy Be.

Le temps de chargement pour attacher tous les paquets sur le toit du taxi-brousse dure entre 3 et 4 heures, ensuite le trajet est éprouvant pour le corps et le mental. Parfois on s'arrête puis on attend de longues heures sans savoir pourquoi. Toutes les heures, on est arrêté par des policiers ou gendarmes, heureusement pour nous, on avait parmi nous un officier de l'armée qui nous a permis de passer plus rapidement tous ces contrôles, avec qq billets glissés dans un journal. Au petit matin, on traverse un fleuve sur un radier (moins cher que la construction d'un pont) parce que c'est encore la saison des pluies, les hommes poussent, le moteur est éteint, impressionnant que l'on passe sans encombre. A plusieurs reprises, les roues explosent en chemin, s'en suivent de longues attentes interminables sous un soleil brûlant. Et pour clore le tout, le chauffeur, seul, qui s'endort sur son volant à la fin du trajet, un brin dangereux.

Bref, je suis arrivée à Ambanja seulement  10 h après l'heure prévue, accueillie par un énorme 4x4 de MNP, avec qq qui m'attendait depuis le matin. Mal en point la Noé, un bras brûlé par le soleil et surtout un pied énorme, violet et très douloureux. J'ai d'abord crû que c'était la circulation mais c'est la très forte douleur (impossible de marcher) qui m'a poussé à consulter un médecin. Je me suis faite piquer, et avec le climat, cela s'est infecté à l'intérieur, traitement de choc pour ne pas que ça se transforme en staphylocoque. Ca va mieux, mais il faut faire attention, tout s'infecte très vite ici.

Traversée en bateau, deux pannes de moteur en plein milieu de l'océan, puis arrivée accueillie par la directrice du parc. Je découvre les bureaux de MNP, bien moins de moyens que le siège. La chaleur est plus qu'intense, je n'ai jamais eu aussi chaud de toute ma vie. Même la température de l'océan est chaude, et dans les endroits peu profonds, brulante ! Visites de courtoisie aux autorités pour me présenter. Puis, je retrouve Mylène une étudiante de l'IEP de Lyon qui travaille pour la coopération allemande et reste 6 mois à Nosy Be.

Je vis donc avec elle pendant toute la durée de mon séjour, dans un petit bungalow face à la mer. Le cadre est magnifique mais la misère toujours aussi criante.

Niveau touristes, on est en saison basse et l'ile souffre d'une mauvaise image : saleté, sécurité et surtout tourisme sexuel. On voit énormément de Français installés, âge minimum : 65 ans, âge moyen de leur « amie » malgache, 20 ans. La plupart sont des alcooliques qui vont parfois toucher le RMI à la Réunion, ce sont de véritables déchets humains, ils font honte à la France. Hier soir, j'ai décidé de me rendre dans ce petit village connu pour sa vie nocturne « animée ». J'ai donc pu voir aussi ces hommes de passage, cette fois-ci de tout âge, notamment avec des mineures. Il n'y a aucun mot pour décrire ce spectacle.

Sur l'ile, ce n'est pas Mora mora (doucement), c'est le vide. La culture du sucre de canne a disparu, la rhumerie aussi, il ne reste plus que le tourisme, aujourd'hui en crise, mais personne ne travaille, plus personne ne produit rien, tout est importé de Tana, c'est pourquoi la nourriture est si chère. La population est usée de tant d'années de crise, se perd dans des petits conflits tandis que les politiques profitent de leurs brefs moments au pouvoir pour s'en mettre plein les poches. Un Président de la Délégation Spéciale a été parachuté par le Gouvernement, la population n'a donc plus le droit de vote (éjection du maire) depuis plus d'1an et demi.

La réserve marine, objet de ma 1e évaluation, est paradisiaque. Les fonds marins sont remplis de coraux, de poissons multicolores, de tortues et de dauphins. Le parc a été officiellement ouvert il y a tout juste un an, a reçu des fonds de la Banque mondiale, de WWF et est géré en co-gestion par MNP, la Municipalité et l'Office du tourisme. Je rencontre les autorités, les différents acteurs concernés par la création du parc et fais des questionnaires de satisfaction auprès des visiteurs. Le travail est intéressant mais personne n'est motivé. En même temps, avec la période de transition politique, tous les dossiers sont en attente.

Nosy Tanikely, la réserve marine

Tous les matins et tous les soirs, je prends le taxi collectif pour me rendre à Hell-ville, la plus grande ville de Nosy-Be, c'est toujours autant le chaos sur les routes et chemins. C'est reposant de revenir « chez nous », au calme. On a Nana qui nous fait le ménage tous les jours, vaisselle, linge, c'est comme ça ici, même si c'est gênant au départ.

Les odeurs sont fortes partout, acres souvent, sur les marchés, l'odeur des viandes infestées de mouches, dans les chemins, les odeurs de fumiers et d'excréments humains, et même dans les produits transformés que nous achetons, il y a une mauvaise odeur, impossible à définir !

La population n'est pas accueillante, en même tps avec l'image des Vazaha par ici, c'est bien normal, les gens sont comme vidés de tant d'années de crise, de tant de misère, de cette transition qui dure, de cette corruption, de ces Gouvernements qui font mourir la population à petit feu. 70% de la population rurale est analphabète.

L'avenir est sombre pour ce pays.



14/03/2011
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